Homélie du Père Bonnefond (messe d'au-revoir 30 mai)

Publié le par la paroisse

La fête de la Sainte Trinité a toute une histoire. Cette histoire fait partie de la vie de l’Église. Je n’ai pas l’intention de vous  rappeler cette histoire. Ce n’est pas le jour. A l’occasion du « Au revoir » de ce jour, c’est d’une autre histoire  que  je veux vous parler. C’est l’histoire de la vie de l’Église que j’ai connue et vécue. Et puisque c’est l’histoire de notre Église c’est aussi votre histoire. Car l’histoire de la vie de l’Église est liée à chacune de nos vies. On pourrait dire aussi l’inverse : l’histoire de nos vies est liée à l’histoire de l’Église d’aujourd’hui. Histoire de ma vie de prêtre avec vous et histoire de l’Église, j’ose ce parallèle

 

aurevoir-Pere-Bonnefond-0230.jpgAvec un passage de dix-neuf ans dans la communauté chrétienne de Ville d’Avray, c’est autant une page d’histoire personnelle qu’une page d’histoire de l’Église, que j’évoque. Je crois en effet, que l’histoire de chacun d’entre nous, la mienne comme la vôtre, participe à l’histoire de l’Église. La vie du prêtre, comme celle de tout baptisé, façonne le visage de l’Église. L’Église manifeste ce qu’elle est, par la vie de tous ses membres, prêtres et laïcs. L’Église est une réalité incarnée. Elle est animée par l’Esprit que le Christ lui a promis, mais elle reste une réalité humaine. Aimons la, parce qu’elle est belle dans son mystère.

 

Lorsque j’étais jeune, le visage du prêtre que je connaissais était encore conforme à celui qu’avaient souhaité les Pères du Concile de Trente au XVIème siècle. Le prêtre était « le religieux de Dieu », sa vie se déroulait à l’Église et la soutane qu’il portait le lui rappelait. Il sortait peu de l’Église. Le monde n’était pas son domaine. (Je me rappelle l’époque où à l’occasion de mariages de membres de ma famille, je ne participais pas à la fête). Or ce modèle de prêtre a évolué. Question : à l’exemple de Jésus qui s’est fait proche des hommes (l’Évangile nous le montre bien), le prêtre n’avait-il pas vocation à être, lui aussi, proche des hommes ? L’Église elle aussi ne devait-elle pas être proche de la vie des hommes ? et pour dire quoi !  Que Dieu est proche de nous ! Nous ne savons pas le voir, mais tout nous parle de Lui. C’est ma foi. 


Il y a eu des efforts considérables tout au long du XIXème siècle, de la part des chrétiens, pour se rapprocher des exclus de l’époque. Merveilleuse épopée de l’histoire chrétienne ! Plus près de nous au XXème siècle, des milliers de prêtres se sont trouvés auprès des soldats pendant la guerre 1914-1918, puis pendant celle de 1940  et dans les camps de prisonniers et de déportés. Face à ces grands événements de l’histoire, le prêtre par la force des choses s’est rapproché de l’homme et ainsi son ministère a évolué. Dans ma jeunesse j’ai eu la chance d’en bénéficier. Il y a eu également le choc provoqué  par la parution du livre « France, pays de mission », écrit par le Père Godin en 1942. Face à la déchristianisation comment le prêtre doit-il vivre son sacerdoce ? L’Église n’avait-elle pas à orienter le ministère du prêtre autrement ?  Tous les efforts et tous les travaux faits sur ce sujet trouveront un nouvel éclairage au Concile, Vatican II, en 1965. Le Concile parlera du prêtre dans un sens plus large comme « Ministre de l’Évangile », Il est membre du peuple de Dieu, comme les autres, mais il est appelé et mis à part pour être tout entier au service de l’Évangile. Le prêtre devait vivre sa foi davantage mêlé au monde, (sauf vocation spéciale la vie monastique), et faire apparaître ainsi l’Église  plus ouverte et plus accueillante.

 

Aussi progressivement des barrières sont tombées. L’Église s’est mise à parler une langue que tous pouvaient comprendre. Les petits se sont sentis plus chez eux. Un grand nettoyage, au regret de certains, a été fait. Par exemple, à l’occasion des mariages et des obsèques, la simplicité est apparue, avec moins de tentures et de tapis. Et il ne fut plus nécessaire d’avoir de l’argent pour obtenir une prière. Dans une église purifiée la prière n’en a pas été moins fervente.

 

J’ai vécu cette évolution tout au long de mon ministère, surtout pendant les 40 premières années. En arrivant à Ville d’Avray en 1991, j’avais toujours ce souci d’une église proche des hommes et de leur vie. Vous m’avez donc pris comme j’étais.  Et avec vous, j’ai essayé de vivre dans cet esprit.

 

Ce rappel des années passées, ce que j’ai moi-même vécu, cela fait partie de l’histoire de l’Église. C’est donc autant votre histoire que la mienne.

 

« Je ferai de toi un pécheur d’hommes », avait dit Jésus à l’apôtre Pierre. J’ai traduit cet appel en évoluant dans la manière de le vivre. En restant au service de l’autel, avec la prière et les sacrements, je pense que le prêtre doit avoir le souci d’être proche de tous, autant qu’on puisse l’être, de beaucoup écouter, d’accompagner, d’aimer tout simplement. Prêtre aussi, avec le souci de partager des moments de vie avec les uns et les autres, pour mieux se comprendre mutuellement. Cette proximité m’a aidé à découvrir la proximité de Dieu. Car j’ai appris qu’il y avait un 5ème évangile : celui de la vie de tous les jours où l’Esprit parle aux hommes. N’est-ce pas ce qu’on essaie de faire lorsqu’on se retrouve dans une équipe ? pour regarder sa vie et prier ensemble.  Je rends grâce d’avoir pu le faire avec beaucoup d’entre vous au cours de ces 19 ans passés à Ville d’Avray.

 

C'est avec notre vie que se construit l’Église. Peut-être est-ce une trop grande prétention ? L’apôtre Pierre ne disait-il pas : « Vous êtes des pierres vivantes ; vous êtes une nation sainte charger d’annoncer les merveilles de Dieu ». Chaque tranche de vie, de qui que ce soit, est donc une histoire, peut-être extrêmement modeste aux yeux de certains, mais qui fait partie de la grande Histoire de l’Église. La vie de l’Église, mon histoire et la vôtre, c’est donc tout ce qui a été vécu ensemble. Aujourd’hui, c’est pour ce travail que nous avons pu réaliser ensemble que nous prions et rendons grâce.

L’important reste que le Seigneur soit aimé et premier servi. Il importe que, par la foi et l’action de tous, le Ressuscité se  présente vivant et agissant dans l’aujourd’hui de l’Église. Le Christ ne se trouve pas à deux mille ans de distance, mais il est réellement présent parmi nous  et il nous donne la lumière qui nous fait vivre et trouver les chemins de l’avenir.
Paul nous disait dans l’épître entendue tout à l’heure : « L’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint ».

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M
<br /> Vive internet qui me permet de vivre rétroactivement avec le père Bonnefond et la paroisse, ce moment où j'aurais aimé être présente et pouvoir participer à cet acte de reconnaissance, d'amitié<br /> dans la foi, d'espérance qui, avec tout notre vécu confie nos années à venir dans les mains de Dieu.<br /> Merci à tous !<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Absents à la messe de 10h30 dimanche, nous trouvons sur le blog les photos et l'homélie du P.Bonnefond avec bonheur. Merci à la réalisatrice de ce blog qui nous permet pendant notre absence de VdA<br /> de rester en lien avec la paroisse que nous aimons et "les pierres vivantes" que vous êtes tous.<br /> Merci à notre curé toujours chaleureux et accueillant .<br /> Guilhem et Marie-José LONJON<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Au revoir, Père.<br /> <br /> Nous sommes tout près de vous par la pensée.<br /> <br /> Merci de nous avoir accompagnés pendant ces dix-neuf années, qui sont passées bien vite.<br /> <br /> Famille Cazaubon<br /> <br /> <br />
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